C ’est bien connu, chacun peut aller chercher dans un sondage ce qu’il espérait y trouver. Et c’est bien sûr le cas pour le dernier en date sur les Municipales à Marseille, réalisé par CSA pour le compte du Figaro, d’Orange et de BFM.
Mais plutôt que d’en faire une lecture supersonique au risque de raccourcis trompeurs, mieux vaut prendre le temps d’examiner tous les paramètres, au demeurant très intéressant que nous livre ce sondage.
D’abord l’intérêt que portent les Marseillais au scrutin municipal. Ils sont 71% a dire s’intéresser un peu ou beaucoup aux élections de mars prochain. C’est nous dit-on inférieur à la moyenne nationale (74%). Mais cette moyenne prend en compte toutes les petites communes où les municipales font en règle générale de gros scores de participation. A ce sujet, à deux mois du premier tour, les Marseillais affirment qu’ils iront voter à plus de 56%. On peut donc penser que d’ici mars, les 57,7% de participation de 2008 seront atteint voire dépassé.
Le deuxième enseignement intéressant, c’est la motivation des électeurs : Les Marseillais le disent à 56%, ils se prononceront sur des considérations purement locales. Ils seront seulement 28% à vouloir sanctionner la politique gouvernementale et 7% à vouloir la défendre.
Enfin, 68% des électeurs marseillais considèrent qu’il « faut changer en profondeur l’action municipale ». Certes le pourcentage est en recul, et cela s’explique sans doute par l’entrée en campagne de Jean-Claude Gaudin, mais l’idée elle, reste très largement majoritaire.
Une traduction pas forcément linéaire
Ils sont 22% a souhaiter que « l’action municipale continue comme elle est menée actuellement ».
Mais la traduction en terme d’intention de vote ne se fait pas de façon linéaire.
Avec 37% d’intention de vote au premier tour, Jean Claude Gaudin doit de toute façon intégrer qu’une grosse partie de son électorat aspire aussi à un changement profond de la politique municipale en vigueur. Et c’est peut-être de sa capacité à les convaincre qu’il en est capable que dépend son avenir municipal.
Derrière Patrick Mennucci, à la tête d’une liste PS-EELV est en embuscade avec 31% des suffrages.
C’est 1% de moins que la somme des intentions de vote pour le PS et la liste EELV relevé en octobre dernier.
Sans doute faut il y voir deux raisons :
- L’accord PS EELV ne semble pas faire l’unanimité chez les écologistes.
- L’entrée en campagne du Front de Gauche offre une perspective pour les électeurs de gauche qui ne souhaitent voter socialiste au 1er tour.
Jean-Marc Coppola est d’ailleurs crédité de 9% (+1).
Le Front National, annoncé au plus haut par nombre de médias est en perte de vitesse dans les intentions de vote des Marseillais passant de 22 à 17%. Stéphane Ravier paye d’abord la volonté des Marseillais de donner à ce scrutin une importance d’abord locale.
Voilà qui montre aussi le peu de crédit que les électeurs marseillais portent aux « capacités gestionnaire du FN.
Pour le reste, la liste Modem dirigée par Jean Luc Benhamias ne décolle pas à 3%. Une liste « Le Sursaut » recueillerait aux alentours d’1%. Tout comme une liste d’extrême – gauche. Les autres listes (Lisette Narducci dans les 2-3 ou Robert Assante dans les 11-12) totalisent 2% d’intentions de vote.
On notera au passage que 16% des personnes interrogées n’expriment pas d’intentions de vote.
Au deuxième tour, Jean Claude Gaudin semble une nouvelle fois bénéficier de l’effet « entrée en campagne ». Avec 42%il passe en tête grâce à un point qu’il parvient à gratter sur le FN.
Patrick Mennucci reste stable à 41%, tandis que Stéphane Ravier, finalement peu présent dans la campagne de terrain, perd un point, donc à 17%.
On voit donc que les jeux sont loin d’être faits.
D’autant que 21% des personnes interrogées ne se sont prononcées sur leurs intentions pour le second tour. Par ailleurs, la marge d’erreur annoncée par l’institut CSA lui même est de 3% pour un pourcentage autour de 40%.
Mais on notera aussi que c’est le candidat socialiste qui dispose de la meilleure marge de progression. Le total des intentions de vote pour toutes les mouvances de la gauche et du Modem qui avait soutenu la liste de gauche en 2008 atteint en effet 45%. A condition qu’il sache les convaincre qu’il incarne le changement souhaité par la majorité des Marseillais.